Présentation de quelques Arts martiaux chinois :
- Le Jeet kune Do : synthèse effectuée par les derniers élèves du célèbre acteur Bruce Lee après sa mort (voir "courrier des lecteurs" du magazine Dragon n°5). Ce système est basé sur le Kung fu Wing chun élaboré par une none (cet art comprend peu de déplacements du fait qu'elle avait de tout petits pieds enserrés dans des bandelettes comme la plupart des femmes dans l'ancienne Chine) ainsi que sur les arts philipins comme le Kali et le Taïchi chuan que Brude Lee appris avec son oncle (son explosivité vient sans doute de cet apprentissage...). Description : discipline complète plus ou moins interne, techniques explosives et linéaires... Energie : eau/serpent.
- Le Da cheng chuan (Boxe du grand accomplissement) et le I chuan (boxe de l'esprit) : élaborés par Wang Xianzhai, ils sont une synthèse et une simplification du Hsing I chuan (Xingyi quan), du Taï-chi chuan de Yang Shaohou, du Pa kua chang et du Chi kung (Qi gong). Description : travail des 5 animaux et de la spontanéité... Discipline interne. Energie : terre/ours, eau/serpent et bois/singe.
- Le Hsing I chuan (Boxe de la forme et de l'esprit) : tire ses origines des boxes anciennes du style Shaolin, du Chi kung (travail de l'énergie) et du traité philosophique antique du Yi king et fût inventée par Yao fei et Li Neng jan. Description : discipline traditionnelle complète plus ou moins interne, techniques saccadées et linéaires mais souples, techniques inspirées d'au moins 12 animaux et des 5 éléments... Principe essentiel : la puissance linéaire. Style semi-interne. Energie : eau/serpent, cosmique/dragon.
- Le Pa kua chang ou Ba gua zhang (Paume des 8 trigrammes) : cet art ésotérique de la Chine ancienne est peut-être l'une des origines de l'Aïkijutsu et sans doute de l'Aïkido. Le Maître Ueshiba, fondateur de l'Aïkido, étudia cet art sous le nom de Wang Shou Kao. Certains historiens pensent que les plus vieilles traces du Pa kua chang correspondraient à l'enseignement de Dong Meng-Lin (surnommé "le taoïste au chapeau jaune" ou Bi Cheng-Xia) qui vécu au 18ème siècle. Les principes employés sont certainement antérieurs car on retrouve des techniques similaires dans le Taï-chi chuan ancien, le Shuai jiao et des pratiques taoïstes. Le Pa kua comprend à la fois des techniques de combat, des méditations et du chamanisme. Il s'est enrichi d'une philosophie liée à la nature et à la découverte de soi. Description : arts martial traditionnel complet et interne, mouvements spiralés, marches en cercle, imitation des animaux, méditations avec 8 éléments de la nature, très difficile (Dong Hai-chuan, l'élève le plus connu de Dong Meng-lin, n'a enseigné qu'à des personnes déjà reconnues maître dans un style)... Principe essentiel : l'esquive et tourner autour de l'opposant. Énergies : métal/oiseau et cosmique/dragon.
- Le Shuai Jiao (lutte) : origines incertaines mais très anciennes (peut-être un millénaire avant J-C ) souvent reliées au Taï-chi chuan et au Pa kua chang. Description : la lutte chinoise est très souple et il ne serait pas étonnant qu'elle soit à l'origine du Judo. C'est une discipline traditionnelle complète plus ou moins externe, compétitions... Energies : terre/ours, métal/oiseau et bois/singe.
- Les Boxes de Shaolin : selon la légende, un moine bouddhiste indien nommé Bodhidharma (Puti Damo) aurait importé et enseigné des techniques d'arts martiaux au 5ème siècle de notre ère (voir le Silambam et le Kalaripayat plus loin). Elles sont actuellement dénaturées et transformées en un sport national ou une gymnastique par les moines eux-mêmes. Les techniques traditionnelles ne sont enseignées et montrées qu'à de rares disciples mais se retrouvent dans le Shorinji kempo japonais importé par Doshin So après la seconde guerre mondiale. On connaît ces boxes de Shaolin sous le nom de kung fu signifiant "travail accompli" mais le terme correct est kung fu wushu se traduisant par "travail de la main qui intercepte" ou tout simplement "arts martiaux" et désignant aussi bien les arts externes qu'internes. Description : selon les styles et les écoles, discipline complète plus ou moins externe, techniques souvent musculaires, saccadées, linéaires, parfois souples et fouettées, techniques inspirées pour l'essentiel des combats d'animaux... Energies : variables selon les styles mais principalement terre/ours ou eau/serpent.
Soulignons que nous relevons, parsemés dans les trois quarts des enchaînements de Shaolin, les noms de techniques de Taï-chi chuan. Les trois quarts des techniques sont communes.
- Les Boxes du mont Wudang (Wudang shan chuan) : elles sont étroitement liées au courant religieux taoïste dont le fondateur présumé est Lao Tseu. Une légende rapporte qu'au 12ème siècle, un moine taoïste du nom de Zhang Sanfeng aurait créé la Boxe relaxée (Hao chuan) en observant le combat d'un serpent et d'une pie... Cela signifierait que c'est le moine indien Bodhidharma qui, le premier, introduisit les arts martiaux en Chine au 5ème siècle. Cependant, des textes affirment que des chinois connaissaient les arts martiaux avant l'arrivée de ce moine bouddhiste. Le Taï-chi chuan, le Hsing I chuan et le Pa kua chang sont traditionnellement reliés au mont Wudang. Vous pouvez lire La boxe ésotérique de l'école Songxi de Wudang aux éd.Haifeng et Librairie You-Feng et Taiji quan de T. Dufresne & J. Nguyen, éd. Budostore. Description : arts se revendiquant plus intériorisés et naturels que les boxes de Shaolin, travail énergétique, chamanique ou spirituel intégré dans les techniques même, imitation des animaux ou des éléments de la nature (les cinq éléments ou énergies : wu xing) ... Energies : variable selon les styles mais principalement terre/ours et eau/serpent
- Le Taï-chi chuan (ou taiji quan)
Taï-chi chuan peut se traduire de différentes façons : "La boxe de la poutre soutenant le toit", "La boxe du Faîte suprême", "L’art du yin/yang universel", "La Boxe ultime". Le Taï-chi est l’énergie de l’univers créée par le Wu-chi et elle contient en elle les énergies complémentaires yin et yang. Le Taï-chi chuan ancien se caractérise, normalement, en théorie (...), par le respect de l'alternance yin/yang dans ses mouvements circulaires, fluides, naturels et relaxés.
Le Taï-chi chuan de style Yang désigne non pas l’énergie yang mais le nom de son créateur : Yang Fukui
Le Taï-chi chuan de Yang Fukui, surnommé Yang Lu chan (Yang l'invincible) de son vivant, est encore gardé secret par les maîtres chinois et ils n'aiment généralement pas le montrer en public. Ce style (y compris le san shou, les formes rapides) est considéré disparu par la majorité des historiens des arts martiaux (mais c'est totalement faux). Yang Luchan créa son propre style à partir de ses expériences avec la famille Chen, le manuscrit de Wang Tsungyeuh (18ème siècle) et diverses rencontres... Son style était appelé la Boxe douce, la Boxe de coton ou la Boxe relaxée (Hao chuan). On retrouve dans ce style des techniques similaires à celles des Boxes anciennes de Shaolin, du mont Wudang et du Pa kua chang (Bagua zhang). Une légende prétend que la paternité de la boxe "douce" revient à un dénommé Chang Sanfeng ayant vécu au 13ème siècle. Les 128 techniques (ou 216 selon comment on compte) du grand enchaînement sont extrêmement efficaces pour le combat (chaque geste étant prévu pour la frappe d'un point vital) mais aussi pour les aspects thérapeutiques car il est rempli d'exercices d'ouverture des centres énergétiques (kuas et tan tien ou çakras) en plus de méthodes harmonisant ou accélérant l'énergie des méridiens d'acupuncture. Cet enchaînement est la mère de la plupart des autres styles de Taï-chi chuan dont celui des petit-fils Yang Chengfu et Yang Shaohou qui divisèrent par deux le nombre de techniques (ils enlevèrent les plus difficiles). Il est aussi une des origines du I chuan et peut-être a eut une grande influence sur beaucoup d'art martiaux connus et inconnus tel que le Karaté. Yang Luchan fût officier instructeur à la cours des Qin avec le plus haut grade. Beaucoup d'histoires merveilleuses sont racontées à son sujet dans Les contes des arts martiaux de M. Random et P. Fauliot aux éditions Albin Michel. Autres styles de Taï-chi chuan : Style Sun, style Wu (de Wu Chienchuan), style Woo (de Woo Yuhsian), style Chen (de Chen Changxing)...
Les origines présumées du Taï-chi chuan ou du Hao chuan :
Chang chuan de la famille Chen, Chang chuan de Wang Tsungyeuh, , Pa kua chang, Hsing I, Boxes de Shaolin (importées de l'Inde par un moine bouddhiste au 5ème siècle), Boxes du mont Wudang (origines incertaines liées au courant religieux taoïste).
Vous trouverez un historique intéressant mais incomplet dans Taiji Quan de T. Dufresne et J. Nguyen aux éd. Budostore ou dans tout autre livre sur le Taï-chi.
Description : art martial interne, techniques plus ou moins circulaires et fluides selon les écoles, mouvements effectués à différentes vitesses selon les écoles (de l'imperceptible à l'explosif), les formes postérieures à Yang Lu-chan s'éloignent de l'efficacité d'origine ; compétitions récentes comprenant les enchaînements (katas à mains nues et avec armes) et les poussées ; chi kung et méditation... Style agressif à l'origine mais étant doux dans son aspect populaire ou moderne. Energies : variable selon les styles : surtout terre/ours ou métal/oiseau pour les styles modernes et eau/serpent et feu/tigre pour les styles anciens.
- Le Chi kung ou Qi gong (travail énergétique) : ce n'est pas un art martial mais il imprègne tous les styles d'arts martiaux chinois et fait partie intégrante de la médecine officielle chinoise. Le plus vieux mémoire de Chi kung est le Jin wen (écrits sur les bronzes) datant de la dynastie des Zhou (1100-221 avant J-C). Le Chi kung est le Yoga des chinois similaire à celui des tibétains. Le Chi kung est souvent vu comme une alchimie ayant pour but la santé, l'immortalité du corps physique, l'illumination ou l'éveil de la conscience (interprétation plus juste de l'idée d'immortalité atteinte par l'intégration du Soi ou de l'Esprit). Le chi-kung ancien était sans doute tout simplement la posture immobile du Wu-ji zhuang (wu chi chuang) ou "posture de l'arbre" qui a pour but de communier avec le Wu-chi, c'est-à-dire l'Energie Source de l'Univers. Cependant, il y a aujourd'hui beaucoup de variétés bonnes ou mauvaises. Je mets ici en garde contre toute pratique isolée ou utilisant des techniques de contrôle des directions du chi (énergie vitale). On peut encore différencier ici les Chi kung "internes" et "externes" : les techniques de renforcement du corps appelées "vêtement de fer", par exemple, sont travaillées de manières différentes dans le Taï-chi chuan et la boxe de Shaolin . Description : postures statiques, marches, mouvements en harmonie avec la respiration et l'esprit, mouvements spontanés, imitation des animaux ou des éléments de la nature, visualisations, méditations...
© copyright, Fabrice HOHN 1999